Fonds structurels et ruraux

Dans ce chapitre, nous présentons les principaux fonds européens en gestion partagée, c’est-à-dire dont la gestion est partagée entre les institutions européennes (UE), nationales (États membres) et régionales. Après une présentation générale, nous consacrerons une analyse spécifique à chacun de ces fonds : FEDER et Fonds de cohésion, FSE+, FEAGA, FEADER et EMFF.

Le chapitre 5 Chapitre 5 et chapitre 6 sont consacrés à la programmation spécifique, nationale, locale et interrégionale des Fonds structurels et ruraux.

Caractéristiques des fonds structurels (fonds de gestion partagée)

Les Fonds structurels sont utilisés pour financer des projets et des interventions dans les régions européennes. Ils ne remplacent pas les actions et les financements nationaux et régionaux, mais sont combinés avec eux afin d’améliorer leurs résultats, dans le cadre plus général des objectifs de l’Union. Leur principale caractéristique est qu’ils impliquent particulièrement les acteurs nationaux et régionaux dans leur gestion et leur utilisation :

  • Le montant mis à disposition par les Fonds structurels est la somme d’une contribution du budget de l’UE et d’une contribution du budget de l’État membre qui en bénéficie ;

  • Les lignes directrices programmatiques et opérationnelles sont élaborées, mises en œuvre et contrôlées dans le cadre d’un processus de consultation collective impliquant non seulement les institutions de l’UE, mais aussi les administrations nationales, régionales et locales, ainsi que les partenaires sociaux et les organisations de la société civile, afin de refléter au mieux les priorités et les besoins locaux et régionaux ;

  • Les programmes opérationnels, qui constituent l’aboutissement de la phase de programmation des Fonds structurels, ont une valeur spécifique au niveau national et régional (PR et PN, programmes régionaux et nationaux pour le FEDER et le FSE+ ; PSP et CSR, programme stratégique de la PAC et ses compléments régionaux pour le FEAGA et le FEADER) ;

  • La gestion des Fonds structurels (y compris la définition, la publication et l’attribution des appels d’offres, le suivi des projets, le versement des subventions, etc.) ne relève pas de la responsabilité de la Commission européenne mais des autorités de gestion opérant au niveau national et régional : c’est la raison pour laquelle les Fonds structurels sont également qualifiés de fonds de gestion « indirecte ».

La structure et le mode de fonctionnement des Fonds structurels présentent certaines caractéristiques qui peuvent faciliter la présentation d’un projet et sa mise en œuvre ultérieure :

  • Ils assurent une plus grande proximité entre les autorités de gestion des appels et des financements et leurs bénéficiaires finaux ;

  • Ils proposent des modes d’intervention particulièrement proches des besoins des acteurs du territoire et leur permettent de s’informer et de dialoguer plus facilement avec l’autorité de gestion ;

  • Ils permettent une gestion opérationnelle du processus dans leur propre langue (soumission des propositions et gestion des projets en italien) et nécessitent la création de partenariats locaux plus simples.

Comme expliqué ci-dessous, la notion de « Fonds structurels » n’inclut pas (strictement) tous les fonds examinés dans cette section.

Nous énumérons dans les grandes lignes tous les fonds traités dans cette section, avec leurs allocations au niveau européen et pour l’Italie (les chiffres sont en milliards d’euros).

Nom du fonds

Acronyme

Allocation

pour l’UE

Allocation pour l’Italie

Total

Contr. L’UE

Contr. Naz.

Fonds européen de développement régional

FEDER

226,05

45,09

26,57

18,52

Fonds de cohésion

FC

48,03

0

0

0

Fonds social européen « plus

FSE +

99,26

28,34

14,58

13,76

Fonds européen agricole pour le développement rural

FEADER

95,51

9,09 + 16,01*

n.d.

n.d.

Fonds européen agricole de garantie

FEAGA

291,09

20,97**

n.d.

n.d.

Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture

FEAMPA

6,11

0,99

0,52

0,47

N.B. : Les chiffres sont exprimés en milliards d’euros. Les données sont issues du projet d’accord de partenariat du 16 décembre 2021, de l’analyse des ressources du FEADER pour 2021-2022 et du projet de programme opérationnel pêche du 20 septembre 2021. Les chiffres nationaux du FEADER (*) se réfèrent aux deux périodes 2021-2022 et 2023-2027. Les chiffres nationaux du FEAGA (**) se réfèrent à la période 2023-2027. Ces chiffres n’incluent pas l’allocation supplémentaire résultant de l’UE nouvelle génération.

Chacun des fonds indiqués a des méthodes de gestion qui lui sont propres :

  • Le FEDER finance des programmes opérationnels régionaux (POR FEDER, un pour chaque région), des programmes opérationnels nationaux (PON sectoriels, souvent cofinancés par le FSE+) et des programmes de coopération territoriale ;

  • LeFSE+ finance des programmes opérationnels régionaux (POR du FSE, un pour chaque région) et des programmes opérationnels nationaux (PON sectoriels, souvent cofinancés par le FEDER) ;

  • Le FEADER finance un plan stratégique national pour la PAC (PSP), détaillé dans les compléments de développement rural (PDR) régionaux et le réseau rural national (RRN) ;

  • Le FEAGA finance des régimes spécifiques de soutien aux producteurs agricoles et de soutien des prix sur les marchés agricoles (qui font également partie de la programmation du PSP et de la RSE) ;

  • L’EMFF finance un programme opérationnel national spécifique, le programme opérationnel EMFF.

Distinction entre les différents modes de gestion 1

Dans ce guide, nous faisons référence à la gestion indirecte et à la gestion simultanée, les traitant presque comme des synonymes. Il est utile de s’en souvenir :

  • Le terme« gestion simultanée« est le terme correct pour indiquer le mode de mise en œuvre traité dans ce chapitre, dans lequel la gestion des fonds est partagée entre les institutions nationales et régionales (qui constituent l’interface la plus directe avec les bénéficiaires) et la Commission européenne (qui conserve une responsabilité et un rôle en termes de programmation, de suivi, d’évaluation et d’utilisation correcte des fonds) ;

  • Le terme« gestion indirecte« , quant à lui, fait référence aux cas (les plus fréquents dans le domaine de l’aide humanitaire et de la coopération au développement) où la gestion du programme est déléguée aux autorités de pays tiers, à des organisations internationales ou à d’autres organismes.

Cependant, dans le langage courant, la notion de « gestion indirecte » est parfois associée aux Fonds structurels : par symétrie, analogie et contraste avec la « gestion directe » des principaux programmes de l’UE. Nous avons donc maintenu les références à la « gestion indirecte » en parallèle (et en contrepartie) de la « gestion partagée », afin de souligner plus clairement la distinction entre ces deux grandes catégories de fonds et de programmes.

En outre, par souci de clarté, notre guide associe les Fonds structurels et ruraux à une gestion essentiellement indirecte (c’est-à-dire partagée) et les programmes de l’UE à une gestion essentiellement directe.

Toutefois, il est utile de rappeler que

  • Les fonds et programmes décrits dans ce chapitre ne sont pas les seuls à être gérés de manière partagée, mais ce sont certainement les plus connus, les plus importants financièrement et ceux pour lesquels les efforts les plus importants (en termes de programmation, de gestion et de cofinancement) sont déployés par les autorités nationales et régionales ;

  • Des éléments de gestion partagée peuvent être trouvés dans les programmes de l’UE ; et certains (petits) éléments des Fonds structurels peuvent être gérés directement. Chaque fonds et chaque programme peut en effet prévoir une combinaison de modes de gestion.

Distinction entre les différentes catégories de fonds et de polices 2

Plus de la moitié des fonds de l’UE sont acheminés par l’intermédiaire des Fonds structurels et d’investissement européens, également appelés plus simplement« Fonds structurels » ou« Fonds SIE« . Ces fonds sont gérés conjointement par la Commission européenne et les autorités nationales et régionales des différents pays de l’UE. Les Fonds structurels sont clairement identifiables et sont au nombre de cinq : le Fonds européen de développement régional et le Fonds de cohésion (FEDER et FC), le Fonds social européen(FSE+), le Fonds européen agricole pour le développement rural(FEADER) et le Fonds européenpour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture(FEAMP).

D’une manière générale, les Fonds structurels financent la politique de cohésion, c’est-à-dire la politique régionale de l’UE. La variété et la taille de l’UE signifient qu’il existe une diversité considérable en termes de géographie, de culture, d’histoire et de développement économique et social entre les États et à l’intérieur de ceux-ci. D’où la nécessité d’une politique visant à réduire le fossé existant entre les régions européennes afin de parvenir à un développement économique, social et territorial équilibré dans tous les pays et régions de l’Union. Cette politique est appelée politique régionale ou politique de cohésion.

La politique de cohésion, les fonds structurels et les fonds de développement rural représentent des catégories conceptuelles similaires et présentent des caractéristiques similaires, en premier lieu la proximité entre les autorités de gestion et les bénéficiaires et l’orientation territoriale.

Toutefois, la correspondance entre ces fonds et ces politiques n’est pas complète. La mise en œuvre de la politique de cohésion relève en effet de la responsabilité des Fonds structurels, mais pas seulement. Les Fonds structurels et la politique de cohésion se recoupent avec d’autres politiques importantes de l’UE, telles que la politique agricole commune et la politique maritime et de la pêche:

  • La politique de cohésion est mise en œuvre par le biais du Fonds européen de développement régional et du Fonds de cohésion (FEDER et FC), le Fonds social européen ( FSE+ ) et le Fonds de transition juste (FMC) ;

  • Le Fonds européen agricole pour le développement rural ( FEADER ) et le Fonds européen agricole de garantie ( FEAGA ) sont les deux fonds de financement de la politique agricole commune (PAC) ;

  • Le Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture ( FEAMPA ) est l’expression de la politique maritime et de la pêche de l’UE.

En résumé, les fonds examinés dans cette section présentent des caractéristiques communes, mais aussi des particularités importantes d’un point de vue opérationnel (gestion du fonds, type de financement, etc.) et stratégique (politique de l’UE à laquelle ils se réfèrent). Nous résumons ci-dessous la relation entre les fonds et les politiques. Les spécificités de chaque fonds et leur relation avec les politiques concernées sont traitées dans les différents chapitres de cette section.

Les objectifs de la programmation 2021-2027 3

La politique de cohésion 2021-2027 et les fonds qui s’y réfèrent poursuivent cinq objectifs. Par rapport aux onze objectifs fixés dans la programmation 2014-2020, cette nouvelle organisation permet de se concentrer davantage sur les sujets les plus pertinents. Les objectifs sont les suivants :

  1. Une Europe plus compétitive et plus intelligente (priorité FEDER) ;

  2. Une Europe plus verte et à faible émission de carbone (priorités du FEDER et du FC) ;

  3. Une Europe plus connectée avec une meilleure mobilité (priorité du FC) ;

  4. Une Europe plus sociale et plus inclusive (priorité du FSE+) ;

  5. Une Europe plus proche des citoyens et du développement durable et intégré des territoires.

L’association entre les objectifs et les fonds doit être considérée comme une priorité stratégique, mais elle n’est pas exclusive.

Outre les cinq objectifs mentionnés pour la politique de cohésion, il existe deux objectifs spécifiques pour les programmes de coopération territoriale:

  1. Une meilleure gouvernance de la coopération ;

  2. Une Europe plus sûre.

La politique agricole commune (PAC, et les fonds ruraux qui s’y réfèrent) a connu une phase de transition : pour la période 2021-2022, six priorités clés ont été provisoirement appliquées, elles-mêmes subdivisées en dix-huit « domaines d’intervention » ; pour la période 2023-2027, une« nouvelle PAC » est entrée en vigueur, poursuivant neuf objectifs spécifiques. Les objectifs de la phase transitoire et de la phase finale sont cohérents entre eux, mais manifestement différents. Parallèlement, la programmation nationale et régionale des fonds ruraux a également changé et a été adaptée. Pour plus de détails sur les objectifs poursuivis par les fonds ruraux, veuillez vous référer à l’avis de la Commission européenne. Section FEADER.

Le FEAMP, le fonds phare de la politique maritime et de la pêche de l’UE, poursuit dix objectifs propres. Initialement liée à la politique agricole commune et poursuivant des objectifs similaires (stabilité du marché, protection des producteurs et des approvisionnements, etc.), la politique commune de la pêche (PCP) et la politique des affaires maritimes ont acquis au fil du temps une structure propre. Pour plus de détails sur les objectifs poursuivis par la FEAMPA, veuillez vous référer à la page d’accueil de la FEAMPA. section concernée .

Autres caractéristiques de la programmation 2021-2027 4

Outre les objectifs susmentionnés, la programmation 2021-2027 des Fonds structurels et ruraux présente certaines particularités qui marquent un changement par rapport aux périodes de programmation précédentes. Ces caractéristiques ont une valeur générale, pour l’ensemble de l’Union européenne, et ont par conséquent un impact sur les programmes nationaux individuels.

La politique de cohésion présente une distinction entre trois types de régions, similaire à celle mise en œuvre dans la période de programmation précédente, bien qu’avec quelques différences dans les critères appliqués. Chaque type de région bénéficie d’un traitement distinct en termes de cofinancement et de concentration thématique (obligatoire) dans l’allocation des ressources :

  • Régions plus développées (PIB par habitant supérieur à 100 % de la moyenne de l’UE) : cofinancement 40-50 %, concentration des ressources 85 % pour l’objectif 1+2 et 30 % pour l’objectif 2 ;

  • Régions en transition (PIB par habitant compris entre 75 % et 100 % de la moyenne de l’UE) : cofinancement 60-70 %, concentration des ressources 40 % pour l’objectif 1 et 30 % pour l’objectif 2 ;

  • Régions moins développées (PIB par habitant inférieur à 75 % de la moyenne de l’UE) : cofinancement 85 %, concentration des ressources 25 % pour l’objectif 1 et 30 % pour l’objectif 2.

Dans le domaine de la politique de cohésion également, plusieurs mesures ont été mises en œuvre pour simplifier et rendre plus efficace et plus flexible l’accès aux fonds. En particulier, un règlement unique pour pas moins de huit fonds (gérés en tout ou en partie de manière indirecte, c’est-à-dire partagée) : FEDER et Fonds de cohésion, FSE+. , Fonds pour une transition équitable, FEAMPA, Fonds d’asile, de migration et d’intégration , Fonds de sécurité intérieure e Facilité de gestion des frontières et des visas . En outre, les règles ont été simplifiées en ce qui concerne les processus de financement, d’établissement de rapports, de contrôle, d’approbation et d’audit.

Comme pour la période de programmation précédente, il existe deux outils utiles pour se tenir au courant des progrès, des réalisations et de l’utilisation des Fonds structurels en Europe, en Italie et dans votre région :

  • La plateforme CohesionData (pour des informations au niveau européen, mais avec un bon niveau de détail : régional, thématique, par fonds et par programme opérationnel) ;

  • La plateforme OpenCoesione (pour des informations au niveau italien, avec un niveau de détail très élevé : régional, thématique, par fonds, par programme opérationnel, par intervention et par bénéficiaire).

En ce qui concerne la politique agricole commune, comme nous l’avons déjà mentionné, le règlement actuel prévoit une phase transitoire de la gestion de la PAC et du FEADER pour les années 2021 et 2022, et le lancement opérationnel d’une « nouvelle PAC ». « nouvelle PAC à partir de 2023. La « nouvelle PAC » prévoit notamment se concentrer sur neuf objectifs clés et l’élaboration de plans stratégiques nationaux de la PACintégrer les aides au revenu, les mesures de marché et le développement rural dans une vision stratégique unique (conformément aux neuf objectifs susmentionnés et aux spécificités et besoins de chaque pays).

La « nouvelle PAC » semble donc conduire à un plus grand parallélisme entre les fonds ruraux et les fonds structurels, dans la mesure où des plans nationaux pour la gestion globale des fonds sont prévus pour les deux (les plans stratégiques nationaux de la PAC d’une part, les plans stratégiques nationaux de l’UE d’autre part). accords de partenariat d’autre part) et les subventions du FEAGA sont intégrées dans un plan stratégique commun.

Parmi les nouveautés communes à tous les fonds à gestion indirecte (ou partagée), deux sont particulièrement remarquables :

  • La poursuite d’un engagement « vert », « zéro émission », « numérique » et « social » plus cohérent : il s’agit de priorités majeures de l’UE qui ressortent clairement parmi les objectifs de toute la programmation pour cette période de sept ans ;

  • Le rôle de l’instrument de relance (également appelé « instrument de relance », « paquet de relance », « NextGenerationEU » ou « NGEU ») dans le renforcement, par des contributions financières supplémentaires, de la portée et de l’impact des fonds structurels et ruraux existants, ainsi que de certains fonds gérés directement, dans le but de répondre à la crise induite par la pandémie dans les différents domaines d’action de l’UE.